Le Fonds Belge pour la Sécurité Alimentaire Moso (FBSA Moso)
est un programme d'une durée de 5 ans (2013 - 2018) visant
l'amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans 3
communesde la région du Moso au Burundi : Cendajuru, Gisuru et Kinyinya.
Les FARN: Foyer d’Apprentissage et de Réhabilitation Nutritionnelle
Qu’est-ce qu’un FARN ?
Un Foyer d’Apprentissage et de Réhabilitation Nutritionnelle (FARN)
est un endroit de rassemblement dans un
ménage de la colline, où s’effectuent des démonstrations culinaires et des sensibilisations
sur la bonne nutrition, la santé et l’hygiène.
Les mamans formatrices, appelées mamans lumières, et les mamans
bénéficiaires cuisinent ensemble des menus équilibrés et nutritifs (préparation
des menus composés de 3 groupes d’aliments à base des aliments disponibles
localement). Les mamans lumières sont issues d’un ménage à revenus modestes
mais avec des enfants bien nourris et bien portants.
Les sensibilisations effectuées s’orientent autour de l’alimentation équilibrée,
l’hygiène des mains, de l’eau, des latrines, des aliments, du matériel, l’alimentation
de complément, l’allaitement maternel exclusif, et la consultation prénatale.
Foyer : C’est la notion
d’abris, et de point de rassemblement autour d’un ménage, d’un foyer.
Apprentissage : Les
mères bénéficiaires apprennent les bonnes techniques de cuisine, les menus
nutritifs, les conseils sur la santé, la nutrition, la bonne hygiène.
Réhabilitation : Les
mères bénéficiaires viennent avec leurs enfants malnutris et ceux-ci
bénéficient directement des repas préparés et qui contient les éléments
nutritifs nécessaires pour que l’enfant retrouve la bonne santé. L’objectif est
de réhabiliter les enfants malnutris
Nutritionnelle : L’objectif
est avant tout d’améliorer l’état nutritionnel des enfants.
Objectifs des FARN :
Réhabilitation rapide des enfants
malnutris (malnutrition moderée avec retard de croissance) identifiés au
sein de la communauté.
Permettre aux familles de continuer elles
mêmes la réhabilitation de ces enfants à la maison.
Prévoir dans l’avenir la malnutrition
chez tous les enfants nés dans la communauté par le changement des normes
de la communauté en matière de soins aux enfants, d’alimentation et de
recours aux services de santé.
Où se situent les FARN ?
Les FARN doivent se situer à un endroit accessible par tous, pas trop
isolé (moins d’1 kilomètre de marche pour les participants). Les FARN doivent
être située à proximité d’une source d’eau potable (moins de 20 minutes à pied).
Dans le cadre de ce projet, il y a une FARN par colline, sur chaque
colline des trois communes d’intervention. Le staff CR présent dans chaque
commune peut indiquer la localisation précise. Une carte sera établie.
Qui va dans les FARN ?
Les personnes qui se rassemblent dans chaque FARN se composent
de :
·2 Mamans Lumières : ce sont les mamans
formatrices (lumières), qui ont des enfants bien nourris et qui vont expliquer
aux autres mamans comment bien préparer les repas.
·8 à 12 enfants et leurs accompagnants (minimum
8, maximum 12). Ce sont des enfants qui ont été dépistés comme malnutris
chronique ou malnutris aigus modérés. Ces enfants et ces mamans feront un
séjour de 12 jours dans la FARN afin que les enfants soient réhabilités. On
considère que l’enfant est réhabilité s’il gagne au moins 200gr durant ces 2
semaines au FARN. S’il n’atteint pas cette augmentation, il retourne dans le
FARN pour un cycle de 12 jours.
·Eventuellement les Agents de Santé Communautaire
formés, qui peuvent apporter leur appui lors des séances.
Nombre de personnes total : 2 Mamans Lumières, 8 à 12
enfants et 8 à 12 accompagnants, 1 ASC = 19 à 27 personnes.
Que comprend un FARN ?
Afin d’être adapté aux activités qui s’y déroulent le FARN doit être
composé de :
·Un espace abrité d’au moins 20m², protection
contre la pluie et le vent.
·Un espace de cuisine avec deux foyers améliorés
·Un espace de lavage de mains avec du savon (dispositif
de lavage des mains à la sortie de la latrine)
·Un espace de séchage pour la vaisselle
·Une compostière pour transformer les restes de
cuisine en compost
·Un jardin de cuisine
·Un espace où les mamans peuvent s’asseoir
(nattes, chaises, bancs)
·Une source d’eau à proximité
·Une latrine propre couverte et utilisable à
proximité
·De matériel de cuisine : casseroles,
marmites, cuillères, assiettes, gobelets, bidons, balais traditionnels, bassins,
malanchons, coutons, éponge pour le lavage des assiettes
·Du matériel de dépistage : balance
D’où vient le concept des FARN ?
Le concept a été élaboré à l’origine par
l’organisme « Core Group » www.coregroup.org , avec l’objectif
d’utiliser les principes de déviance positive dans le cadre de la nutrition. Le
manuel développé par l’organisation est disponible via le lien ci-dessous.
Le concept a été repris au Burundi dès 2003,
par le Ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le Sida avec
l’appui du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), qui a introduit un
Programme de Nutrition à Assise Communautaire (PNAC) à travers un projet pilote
dans la commune de Mutaho ( Gitega). L’évaluation de ce projet pilote réalisée
fin 2008, a relevé que ce programme, à travers sa stratégie basée sur la «
Déviance Positive » avait eu un impact positif sur les populations concernées. Ainsi,
la proportion d’enfants souffrant de malnutrition aiguë a baissé notablement
pendant cette période du projet pilote entre 2005 et 2008 passant de 16,4% à
7%. Après cette évaluation, il a été recommandé par le ministère aux autres
partenaires d’appuyer l’extension de cette approche dans tout le pays. Ainsi,
les ONG, en l’occurrence IMC dans les provinces de Kirundo et de Kayanza,
Pathfinder à Muyinga et Kayanza, WVI à Muramvya et Karusi, Concern à Cibitoke
et GVC à Bujumbura rural, Agro action allemande à Kirundo, GTZ à Rutana ont mis
en œuvre des projets similaires.
En 2013, le Ministère de la Santé et le
PRONIANUT ont rédigé un « Guide de Gestion et de fonctionnement des FARNs
au Burundi », avec l’appui de l’UNICEF et de l’OMS. Ce guide reprend les
principales recommandations pour la mise en œuvre des FARN et sert de document
de référence au niveau du pays.
La Croix-Rouge a décidé de se baser sur cette
approche dans le cadre de son programme « Amélioration de la situation
nutritionnelle des populations des communes de Cendajuru, Kinyinya et Gisuru »,
financé par le fonds Belge de Sécurité alimentaire (FBSA) de 2013 à 2018.
L’approche est fondée sur la conviction selon laquelle il existe dans chaque communauté certains individus - les Déviants Positifs - qui ont des pratiques et des comportements peu communs leur permettant de trouver les meilleurs moyens de prévenir la malnutrition plus que leurs voisins alors qu’ils disposent des mêmes ressources et sont confrontés aux mêmes risques.