Le Fonds Belge pour la Sécurité Alimentaire Moso (FBSA Moso)
est un programme d'une durée de 5 ans (2013 - 2018) visant
l'amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans 3
communesde la région du Moso au Burundi : Cendajuru, Gisuru et Kinyinya.
Le Fonds belge pour la Sécurité Alimentaire (FBSA) est un instrument de financement belge, unique en son genre, qui vise à améliorer la sécurité alimentaire de groupes de population vulnérables dans les régions touchées par une grande insécurité alimentaire en Afrique subsaharienne. Le Fonds a été créé en 2010 par deux lois adoptées au Parlement fédéral (loi du 19 janvier 2010 et loi du 19 juin 2011) et est financé par la Loterie nationale, des moyens supplémentaires étant apportés par la Direction générale de la Coopération au Développement et de l’Aide humanitaire (DGD). Le FBSA est placé sous la gestion et la responsabilité du membre du gouvernement qui a la Coopération au Développement dans ses attributions. 1) Le Fond Belge pour la Sécurité Alimentaire (FBSA) 2) La zone d'intervention du FBSA au Burundi 3) Objectifs et principaux résultats du FBSA Moso
1) Le Fonds Belge pour la Sécurité Alimentaire (FBSA) : - Histoire
Bien que l’actuel Fonds Belge pour la Sécurité Alimentaire ait été créé en 2010, il a en fait fêté son trentième anniversaire en 2013. Le Fonds a connu deux prédécesseurs durant la période 1983 -2009. De 1983 à 1998, il se nommait le Fonds de Survie pour le Tiers Monde. Créé le 3 octobre 1983 par une loi adoptée au Parlement fédéral, le Fonds de Survie constituait en premier lieu une réponse au « Manifeste contre la faim » signé par 77 lauréats du Prix Nobel de la Paix au début des années 80, dans le contexte des famines qui ont touché la Corne de l’Afrique et le Sahel. Cette initiative parlementaire constituait également une réaction à la marche de la population belge en faveur de la création d’un fonds spécial visant à lutter contre la faim. Ce Fonds de Survie disposait d’une dotation de 10 milliards de francs belges (environ 248 millions d’euros), financée par les bénéfices nets de la Loterie nationale. Entre 1984 et 1999, près de 71 projets ont été mis en œuvre, pour un montant total de 7,953 milliards de francs belges (198,8 millions d’euros). Le nombre total des bénéficiaires est estimé à 4,5 millions de personnes. Institué par une loi le 9 février 1999, le Fonds Belge de Survie (FBS) succède au Fonds de Survie pour le Tiers Monde. Le FBS a pu, lui aussi, disposer d’une dotation de 10 milliards de francs belges de la Loterie nationale. Entre 1999 et 2009, quelques 72 projets ont été réalisés sur une durée moyenne de 5 ans. 34 projets ont été consolidés par une deuxième phase et ont couvert de la sorte une période de 10 ans. Les 106 projets et programmes, au total, ont représenté conjointement un montant total de 282 millions d’euros. Le Fonds Belge pour la Sécurité alimentaire (FBSA) a été créé par une loi le 19 janvier 2010. Une contribution financière de 250 millions d’euros issue des bénéfices nets de la Loterie nationale a une nouvelle fois été prévue pour une durée de 10 ans (2010-2020). En fonction des plans budgétaires annuels, des moyens supplémentaires peuvent être prévus sur le budget de la Coopération au Développement. Le troisième fonds a marqué un changement de cap radical dans l’approche des programmes de développement. La grande différence avec ses prédécesseurs (Fonds de Survie et FBS) est l’introduction de programmes par pays. Le FBSA opte pour l’élaboration de programmes intégrés et multisectoriels (multidimensionnels), mis en œuvre par divers acteurs du développement (multi-acteurs) qui collaborent dans le cadre d’un même programme (approche par programme).
- Mode de fonctionnement Dans les programmes du FBSA, chaque organisation partenaire participante se consacre aux aspects pour lesquels elle peut offrir une expertise et une plus-value substantielles. Les interventions atteignent ainsi un niveau de qualité plus élevé et il est possible d’accroître, dans le programme global, les synergies et la complémentarité. En outre, bien plus que dans les deux premiers fonds, l’accent des programmes stricto sensu est mis sur l’amélioration de la sécurité alimentaire dans ses quatre dimensions. La loi de 2010 a également créé un « Groupe de travail FBSA ». Le Groupe de travail se réunit au moins une fois par an et son mandat consiste à « formuler des recommandations en ce qui concerne les orientations stratégiques du FBSA, sur la base des priorités des différents volets de la politique extérieure de la Belgique, et en se fondant sur les rapports d’évaluation des différents projets et programmes, et sur l’évolution de la situation internationale en matière de sécurité alimentaire » (Loi du 19 janvier 2010 sur le FBSA). Concrètement, le groupe de travail détermine l’ordre des pays dans lesquels le fonds déploie des programmes, formule des recommandations sur la base d’évaluations et de rapports, traduit les expériences et les connaissances du FBSA en propositions politiques et se rend, tous les trois et quatre ans, en mission dans un pays partenaire pour y prendre connaissance de la situation sur le terrain et des projets et programmes financés par le fonds. Le Groupe de travail se compose (1) de membres de la Chambre des représentants et de représentants (2) des organisations multilatérales, partenaires du FBSA, (3) du membre du gouvernement qui a la coopération au développement dans ses attributions et de son administration, (4) des fédérations d’organisations non gouvernementales et (5) de la Coopération technique belge (CTB).
Tous les trois à quatre ans, la DGD organise une mission dans l’un des pays partenaires du groupe de travail FBSA. Les missions précédentes du Groupe de travail FBSA ont eu pour destinations l’Ouganda (du 5 au 12 septembre 1997), le Mali (du 3 au 11 septembre 1998), la Tanzanie (du 25 janvier au 2 février 2002), le Niger (du 21 janvier au 2 février 2005), le Bénin ( du 15 au 22 mars 2009) et le Burundi (du 17 au 24 novembre 2013). Les rapports de ces missions sont disponibles sur le site de la chambre des représentants de Belgique.
La région du Moso se situe à l’Est
du Burundi. Elle longe la frontière ouest de la Tanzanie et est comprise dans 3
provinces administratives : La province de Cankuzo au nord, la province de
Ruyigi au centre et la province de Rutana au sud. Les 3 communes concernées par
l’enquête sont Cendajuru (province de Cankuzo), Gisuru et Kinyinya (province de
Ruyigi). A l’image du Burundi, le Moso est fait de collines, avec parfois des
pentes abruptes, et de vallées délimitant de nombreux bassins versants qui
alimentent des zones de marais. Il y a très peu d’aménagements aussi bien sur
les bassins versants que dans les marais.
La région du Moso bénéficie de
deux saisons pluvieuses. Elles sont réparties sur l’année de la manière
suivante : la première débute en mars et s’achève fin avril et la seconde
débute en septembre et s’achève au cours du mois de novembre. D’un point de vue
général, ces deux saisons des pluies sont plus courtes que celles constatées au
niveau national. De plus, à partir des analyses effectuées par l’Integrated
Phase of Classification (IPC), des changements hydriques sur toute la zone du
Moso sont constatés. Il ne s’agit pas d’un déficit total de la pluviométrie
mais plutôt de mauvaises répartitions des pluies. En effet, les pluies tardives
ou précoces sont de plus en plus nombreuses tout comme les mini phases de
sécheresse, létales pour les jeunes pousses. De même, les épisodes pluvieux
violents et dévastateurs pour les cultures sont de plus en plus fréquents.
L’adaptation des populations à
ces changements climatiques est un paramètre crucial à prendre en compte dans
une optique d’amélioration de la sécurité alimentaire sur l’ensemble de la zone
du Moso. D’autant plus que le Plan d’Action National d’Adaptations aux
changements climatiques (PANA), adopté en 2007, prévoit une diminution de 4 à
15% des pluies sur les mois de mai et d’octobre ainsi qu’une hausse de 0.4°C tous les 10 ans.
- Géopolitique et sécurité Le Moso est encore aujourd’hui
considéré comme un des territoires burundais les plus laissés à l’abandon et ce
pour plusieurs raisons. Jusqu’en 2008, le Burundi a subit de violents épisodes
provoquant la migration de nombreuses populations et multipliant le nombre de
bandes armées sur le territoire. Le Moso a été l’une des dernières régions à
retrouver une paix relative. Des poches de rebelles étaient encore à l’œuvre, installées
dans des endroits isolés, alors que l’ensemble du pays se stabilisait.
Aujourd’hui encore, du fait de la proximité de la frontière tanzanienne, des
groupes armés ayant fui le pays subsistent et font parfois des incursions dans
la ville de Gisuru et ses alentours. Phénomène anecdotique mais néanmoins à
prendre en compte car il fait de la région une zone encore considérée comme à
risque pour de nombreuses institutions internationales.
Parallèlement, le Moso et plus
particulièrement les collines de Gisuru font face aujourd’hui à une forte
croissance démographique du fait du retour progressif des populations
burundaises réfugiées en Tanzanie depuis les années 70. Ces populations sont revenues
sur leurs terres ou tout simplement sont venues se réimplanter au Burundi, dans
le Moso. En effet, depuis les élections démocratiques de 2005, les
gouvernements burundais et tanzaniens, en partenariat avec les Nations Unies
(HCR), ont mené une politique de fermeture progressive des camps de
réfugiés ; politique qui s’est clôturée en 2013 par la fermeture du camp
de Mtabila. Il est aussi à noter qu’au dernier trimestre 2013, suite à des
tensions politiques sous régionales au sein de la Communauté de l’Afrique de
l’Est, le gouvernement tanzanien a refoulé manu-militari plusieurs milliers de
Burundais dont la grande majorité vivait pourtant légalement sur son
territoire. Ces populations s’implantent dans une zone déjà soumise à
l’insécurité alimentaire qui commence juste à se relever des crises successives
burundaises. La faiblesse du réseau routier et par conséquent les difficultés
d’accès aux marchés ou à d’autre pôles économiques laisse ces populations de
retournés dans un état de vulnérabilité et d’isolement important. - Présentation des communes
3) Objectifs et principaux résultats du FBSA Moso : Les trois objectifs spécifiques/Effets (OS)
du programme FBSA Burundi, eux-mêmes composés de plusieurs résultats sont les
suivants: OS 1.Améliorer l’offre alimentaire, les revenus et l’accès aux
marchés pour les petits producteurs et groupes vulnérables
Résultat 1.1. Les
capacités de production et de stockage des petits producteurs et groupes
vulnérables sont durablement renforcées. Résultat 1.2. Les
capacités financières et
organisationnelles des petits producteurs et groupes vulnérables sont
améliorées et diversifiées et leur accès aux marchés facilité.
OS 2. Améliorer
l’accès à l’eau potable et l’utilisation des aliments disponibles et de l’eau
potable de manière durable pour les groupes vulnérables
Résultat 2.1. Les
communautés ont les capacités de faire face durablement à la malnutrition, aux
maladies et autres problèmes de santé. Résultat 2.2. L’accès
à l'eau potable est assuré pour tous de manière durable à atteindre au moins la
moyenne nationale.
OS 3. Renforcer les capacités des acteurs pour
l’analyse, la planification, la mise en œuvre et la coordination de stratégies
de lutte contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition au niveau national,
local et du programme
Résultat 3.1. Les capacités de planification, de prise en
charge durable et de gouvernance de la sécurité alimentaire et nutritionnelle
et l’adaptation aux changements climatiques par les communautés et acteurs
locaux sont durablement renforcées. Résultat 3.2. Les
capacités du Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage pour la coordination
globale du programme FBSA sont
renforcées.
Sur
une période de 5 ans, le FBSA est financé à hauteur de 13.858.451,62 Euros dont
76,4 % sont constitués du subside FBSA, le reste provenant des apports
individuels des partenaires (ONG, UNCDF).